Art au Vert 2023 à Bambois 

Pour cette thématique « Cadre » au sein d'Art au Vert 2023 à Bambois, « Cadre » s’entend au sens large. S’appuyant sur la curiosité du visiteur, l’intention est de faire voir plutôt que montrer, inciter à voir autrement, et si possible, au-delà des éléments naturels présents, se relier à des questions environnementales voire sociales.
Une grande partie du parcours proposé, Jardins de la Poésie, Jardin Monet, Jardin asiatique, se faisant sur des caillebotis qui nous empêchent le contact rapproché, l’exposition invite à faire dans et de l’ensemble des jardins, des « ouvertures », des intervalles où le temps s’arrête, se courbe, s’échappe de l’espace sans jamais s’en échapper ou s’écoule infiniment sans jamais se fixer, ouvrant des brèches dans nos habitudes ou nos comportements physiques.
« ...certaines œuvres sont à portée d’œil, mais inaccessibles à tout contact physique, l’espace de l’exposition de l’œuvre étant en quelque sorte « fermé ».

Le défi est donc de s’en remettre avec confiance à la curiosité des visiteurs et visiteuses, en leur donnant le choix d’entrer visuellement dans chaque exposition d’œuvre. Chaque œuvre ne s’offrant pas béante, mais attisant un élan et impulsant un mouvement qui sont au cœur même de la thématique choisie, dans son acception théorique faisant passer les êtres et les choses d’un endroit à un autre en se questionnant sur le
voir... »
Des coupures, dans ce parcours, nous invitent à nous attarder sur des seuils de perception, voire de non-perception, à déplier nos dimensions pour mettre en forme et suspendre des états limites
où les choses ne devraient pas être seulement à montrer.
Ces réflexions trouvent leurs impacts au sein des jardins parcourus sur des « cadres /caillebotis » tout comme avec les limites et clôtures des voisins. Chaque espace-jardin, chaque espace-parcours, bascule ainsi dans une zone incertaine, où tout
peut encore se rejouer, se reconfigurer du minimum vers le rien ou du rien vers l’imperceptible, le subtil. Les interventions interpellent, invitent à voir au travers de ce qui nous est montré d’autres réalités urgentes tant d’actualités que de nos comportements, par des expressions poétiques et lyriques, amusantes et grinçantes.
Les œuvres invitent à se répondre, à dialoguer entre elles aussi bien sur le plan formel que conceptuel, à se croiser par les lignes, les formes et les couleurs. Les cadrages et les concepts s’entremêlent pour aboutir au final sur une volonté d’esthétique
commune, un « cadre » commun.
Gérard Béthume.